Vision de la Faculté de Médecine de l’Université de Kinshasa
Le domaine scientifique évolue chaque jour avec des nouvelles connaissances mais aussi des remises en question des connaissances antérieures. Cette évolution justifie l’élaboration des lignes directrices qui pourront encadrer la bonne pratique de l’art de guérir, l’acquisition de l’expertise, et la rédaction scientifique médicale. L’éthique médicale, et la déclaration obligatoire des conflits d’intérêt lors d’une présentation scientifique garantissent cette quête d’excellence et d’indépendance. Le professionnel de la santé doit donc, à ce point de vue, se maintenir à niveau, obtenir régulièrement la bonne information, et partager avec d’autres, à travers le monde, l’expertise médicale. Il importe de reconnaitre ici les difficultés énormes que rencontrent les médecins dans les pays en voie de développement, quant à l’accès à l’information et à la formation continue. Une des pesanteurs relève de l’accès limité à l’internet et pire encore, à l’internet à haut débit, ainsi que le manque d’énergie électrique. En effet, chaque année au moins 1,5 millions d’articles scientifiques sont publiés dans des journaux internationaux et locaux. Beaucoup de ces découvertes n’atteignent que timidement, les praticiens dans les pays en voie de développement, malgré des moteurs de recherche gratuits, comme pubmed (www.pubmed.org), avec ses 22 millions d’articles répertoriés.
L’OMS, dans le souci de pallier cette carence, assure l’accès à de nombreux documents, notamment par des moteurs disponibilisés tels que HINARI, qui offre l’opportunité de consulter des articles dans leur entièreté (http://www.who.int/hinari/fr/index.html). Toutes ces facilités exigent néanmoins, comme indiqué ci-dessus, une bonne connexion internet, mais aussi une bonne connaissance de l’Anglais ; ces deux situations constituent de réelles barrières pour la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne francophone. L’appui de certaines organisations non gouvernementales, à travers un partenariat garantissant plus d’accès à l’information et à la formation continue est une opportunité qui s’offre à nos institutions du Sud. C’est dans cet ordre que l’ONG Tshela, à travers son projet EXCELLENSIS, accessible sur le siteweb http://www.excellencis.org, offre un programme d’auto-formation et d’auto-évaluation des professionnels de la santé : Médecins, infirmiers… dans notre pays. Le projet Excellensis est déjà opérationnel dans d’autres pays tels que la Belgique et dans certaines régions de l’Amérique du Sud. Ce modèle propose des activités de remise à niveau, sanctionnées par des crédits d’évaluation. Le projet Excellensis a été inauguré en RD Congo, depuis deux ans, en présence de leurs Excellences, les Ministres de la Santé de Belgique et de la RD Congo, et les centres pilotes en sont : la clinique Ngaliema, l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa, et les Cliniques Universitaires de Kinshasa. Le défi que pose la connexion à l’internet de haut
débit tend à l’heure actuelle, à être partiellement soulagé par quelques accords passés entre L’ONG Tshela et la fondation Vodacom, un organe de téléphonie cellulaire. Ces accords visent à faciliter l’accès à l’information, aux professionnels de la santé, même dans les coins les plus reculés de la république, grâce à la technologie 3G qui recourt à des modems. Le site Excellensis propose pour ce faire, des modules d’auto-évaluation adaptés à la problématique de santé dans notre pays, choisis après concertation entre les structures
académiques et celles du ministère de la santé publique, avec la participation des experts de l’Occident. Ces modules comportent 10 questions pour lesquelles, non seulement la réponse correcte compte, mais aussi le niveau de certitude. La réponse correcte, ainsi que les liens utiles vers la documentation de référence sont ensuite proposés au lecteur. Le tout est sanctionné par une cotation qui permet à l’utilisateur de se situer et d’organiser un recyclage individuel en fonction du résultat, par le truchement de lectures orientées.
Auteurs : Pascal LUTUMBA
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