Maladies non transmissibles et lutte contre la pauvreté
.:: Auteurs Editorial : Samuel Mampunza-ma-Miezi
Il est établi que des nombreux problèmes de santé dans nos pays jouent un rôle majeur dans la pauvreté célèbre des africains. Les maladies tropicales traditionnelles tout comme les maladies émergentes se disputent les premières places dans l’ordre des priorités sanitaires en Afrique. Pendant que nos yeux sont fixés sur les grands fléaux que sont le Paludisme, la Tuberculose et le VIH/SIDA, sans oublier les Infections respiratoires aigues (IRA) et les maladies diarrhéiques, les affections dévastatrices des pays du nord nous rattrapent, ou plus exactement s’ajoutent sur la longue liste des calamités qui amoindrissent la qualité de vie des congolais. En d’autres termes, la civilisation occidentale telle que copiée servilement par nos pays du sud s’amène avec un surplus de morbi-mortalité sur les « pauvres habitants du sud du globe terrestre» . Doit-on continuer à ne pas considérer et aligner sur la liste des priorités des situations morbides telles que le cancer et les accidents du trafic routier pour ne citer que ces deux exemples? Pourquoi doit-on se permettre de croire que les africains de plus en plus citadins, consommateurs des produits de la civilisation moderne, sont différents en terme de vulnérabilité vis-à-vis des conséquences sanitaires inhérentes aux effets pervers du modernisme? Il me semble que les planificateurs et les scientifiques de nos pays du sud doivent désormais prendre en compte ces nouvelles réalités de vie dans nos communautés pour l’affectation adéquate de nos maigres ressources destinées à la santé. En effet, qui prendrait la lourde responsabilité de ne pas se préoccuper de la réalité du cancer du sein ou celui du col utérin chez l’africaine, ou celui de la prostate chez son partenaire masculin?
A notre avis, la meilleure attitude est qu’on n’oublie pas que toutes ces situations morbides s’allient plutôt, concourant à appauvrir d’avantage les populations, jusqu’à la réduction sensible de l’espérance de vie qui est déjà fort entamée par les tueurs principaux du trio infernal constitué par le Paludisme, le VIH/SIDA et la Tuberculose. N’oublions pas que la prise de conscience des problèmes de santé d’une communauté permet de penser et de planifier des actions de promotion et de prévention qui sont toujours moins coûteuses que la prise en charge des personnes déjà frappées par les différentes calamités sanitaires. Le coût d’une prise en charge d’un traumatisé majeur du crâne, ou celui d’un cancer au stade des métastases, est avec toute évidence plus important que celui d’une campagne de prévention ou de dépistage précoce des cas probables de cancer du sein pour ne prendre que cet exemple. Ce numéro des Annales africaines de Médecine livre notamment des intéressantes réflexions sur le paludisme, les traumatismes crânio-encéphiliques et certains cancers. Des facteurs majeurs de risque comme le tabagisme sont aussi abordés. Et notre espoir est qu’il interpelle suffisamment les uns et les autres pour que des situations sanitaires traditionnellement prioritaires n’éludent pas l’existence des autres problèmes de santé ci-dessus évoqués
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