Pathologie anorectale associée à l’infection par le VIH au CHU de Brazzaville Anorectal pathology in HIV infection at the University Hospital of Brazzaville
.:: Auteurs : Atipo Ibara BI*, Camengo Police SM*, Deby Gassaye*, Sounga Bandzouzi PEG*, Ibara JR*.
Contexte. En Afrique subsaharienne, les manifestations proctologiques dans l’infection à VIH, sont peu connues. Pourtant, cette région constitue l’épicentre de cette pandémie. Ce travail vise à décrire les aspects épidémiologiques, cliniques, endoscopiques et anatomopathologiques de la pathologie anorectale rencontrés au cours de l’infection par le VIH.
Matériel et méthodes. A partir d’une étude transversale descriptive, menée dans le service de Gastro-Entérologie et de Médecine Interne du CHU de Brazzaville, 80 patients VIH positifs (53% femmes, âge moyen 40,5 ans) recrutés de manière consécutive pendant une durée de six mois ont été systématiquement examinés. Les paramètres d’intérêt étaient clinique, biologique standard, examen des selles, dosage des CD4, examen proctologique). Des biopsies systématiques de la muqueuse rectale pour analyse histologique ont été également réalisées.
Résultats. La majorité des patients étaient célibataires (64%), ou mariés (18%), mais la sodomie n’a été avouée que par deux d’entre eux. Les symptômes retrouvés ont été les proctalgies (n=17), le prurit anal (n=9), le saignement anal (n=8), et la diarrhée (n=65). Les lésions de la région anale rencontrées étaient : la thrombose hémorroïdaire (n= 8), les ulcérations périanales (n= 7), les condylomes acuminés (n= 3), la fissure anale (n= 2), et la tumeur du canal anal (n= 2). Les parasites retrouvés à l’examen des selles ont été l’Entamoeba histolytica histolytica forme végétative (n=8), les filaments mycéliens (n=9). La coproculture a permis d’isoler l’Escherichia coli entéropathogène (n=9), le Salmonella entéridis (n=4), et le Candida albicans (n=9). Contrairement aux patients immunodéprimés
sévères (CD4 < 200, n=62), les sujets avec immunodépression modérée (CD4> 200, n=18) avaient présenté plus fréquemment des lésions de rectite non spécifique (55%). Chez les patients avec immunodépression sévère, les lésions spécifiques de type cancéreux (sarcome de Kaposi, adénocarcinome de Liberkhunien et carcinome épidermoide), ou infectieux (rectite bilharzienne, à CMV) ont été observées.
Conclusion. L’infection à VIH offre une grande variété de manifestations ano-rectales. L’immunodépression sévère augmente la probabilité de trouver des lésions spécifiques. L’examen proctologique devrait être systématique chez tout patient infecté par le VIH.
Mots clés : Pathologie anorectale, immunodépression, VIH, Brazzaville.
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