Editorial : Développement, politique de santé et sécurité sociale : une triade fondamentale
Développement, politique de santé et sécurité sociale : une triade fondamentale
Development, health policy, and social security: a fundamental triad
Jacques Mangalaboyi
E-mail: jmangalaboyi@gmail.com
Ancien Praticien Hospitalier en Réanimation médicale
Président de l‟Organisation du Congrès.
(*) Mangalaboyi J., MutebaT et coll., Politique de la santé, in « Programme du développement économique et social ». Forum pour la Démocratie et le Développement, Groupe du 4 juin, p.51-62, 1990, (Bruxelles).
La santé d‟une population est une indication du développement. Elle conditionne également son évolution et son épanouissement. En 1788, le chirurgien français J. Tenon écrivait ceci : « Les hôpitaux sont en quelque sorte la mesure de la civilisation d’un peuple ». Si se préserver de la maladie et se soigner sont des préoccupations fondamentales de l‟homme et de la femme, un état, soucieux du bien-être de sa population, fonde sa politique de santé sur ces préoccupations ; les indicateurs sanitaires font partie intégrante des indicateurs du développement humain.
En République Démocratique du Congo (RD Congo), le malade a un choix cornélien : se soigner ou ne pas pouvoir se soigner. Le patient, qui a les moyens, peut s‟offrir les soins de bonne qualité ou… de qualité douteuse ; avec plus de moyens, individuels ou de l‟état, avec les deniers publics, s‟offrir des soins de bonne qualité ou de qualité… douteuse, même dans les structures médicales à l‟étranger. Mais, par manque de moyens, nombre de patients resteront au bord de la route, attendant le sort de dame nature : la vie, la survie ou la mort. Beaucoup se cachent tout simplement pour mourir.
Il faut donc le reconnaitre : l‟organisation de l‟accès et de l‟accessibilité aux soins de santé des Congolais fait cruellement défaut. Il est le parent pauvre des préoccupations de l‟état congolais. Malgré les intelligences et les compétences, nationales et locales, la protection du citoyen face à la maladie, en dehors des épidémies, ne semble pas faire partie de ses contraintes et de celles des gouvernants, d‟avant et d‟aujourd‟hui. La multiplication récente de nombreux systèmes de protection, néanmoins complémentaires, cache en fait les véritables carences structurelles de notre pays : absence de vision globale et médicale spécifique, dégringolade économique et sociale, attente des solutions salvatrices exogènes, manque d‟imagination, absence de remise en question face à l‟échec (on se conforte d‟une situation médiocre, si celle-ci n‟est pas encensée !), démission ou, au pire, fatalisme. Hélas, «la politique de la santé est toujours tributaire de la santé de la politique » (*).
Le 6e congrès de l‟association des anciens et amis de la faculté de Médecine de l‟Université de Kinshasa (AFMED) a décidé de mettre, au centre des discussions des Congolais, le sujet de l‟accès du grand nombre aux soins de santé. Il s‟agit surtout de prouver que tout Congolais peut se faire soigner… en RD Congo. Il ne s‟agit pas d‟un manque de moyens. Il s‟agit surtout, après avoir balisé les contours de la société congolaise, de faire appel à la triade magique, base du développement : volonté, audace et… pouvoir.
Tout en tenant compte de la mondialisation des problèmes de santé, la RD Congo doit maintenant s‟affranchir de certaines, et nombreuses, contraintes des organisations internationales et surtout se pencher sur ses propres problèmes sanitaires et médicaux. La politique de la santé dans notre pays doit devenir une fonction régalienne de l‟état. C‟est à l‟état de préserver la santé et de soigner la population au même titre qu‟il défend son territoire et les Congolais. Il s‟agit aujourd‟hui d‟un impératif.
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