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Santé rénale pour tous en Afrique subsaharienne : défis et perspectives / Kidney Health for All in Sub-Saharan Africa: Challenges and Perspectives

Auteur

Ernest Kiswaya Sumaili

Appartenances

Ernest Kiswaya Sumaili, MD, PhD Vice-Président Société Congolaise de Néphrologie (SOCONEPH) Courriel : Cliniques Universitaires de Kinshasa, Université de Kinshasa

SummaryRésumé

Kidney disease is a major cause of morbidity and mortality worldwide (1). To draw global attention to the importance of kidney health, the International Society of Nephrology (ISN) and the International Federation of Kidney Foundations have declared a World Kidney Day (WKD) every second Thursday in March since 2006. The theme for WKD 2023 is « Kidney Health for All, Preparing for the Unexpected, Supporting the Vulnerable« .

The focus this year is on the impact of various disasters, whether local (war, insecurity, earthquakes, floods, extreme weather due to climate change) or global (the COVID-19 pandemic). That disasters cause the disruption of living conditions of the entire community (massive displacement of the population) the human and material losses as well as the economic and environmental consequences. In emergency situations, this part of the community will become vulnerable because of its constant need for care that often lasts a lifetime (the case of non-communicable diseases, NCDs) and involves continuous and complex treatment. Thus, preparation for unexpected events is crucial for patients with chronic kidney disease (CKD). Therefore, policy makers should provide for emergency governance plans in the management and screening of NCDs and promote prevention of these conditions. It is within this framework that the Annales Africaines de Médecine took the opportunity of WDR 2023 to contribute to improving the understanding of CKD by focusing this editorial on the renal health of the population living in Sub-Saharan Africa (SSA).

Burden and Epidemiological profiles of Chronic Kidney Disease in Sub-Saharan Africa

Approximately 750 million people worldwide have Chronic kidney disease (CKD), an advanced stage of CKD (1). The actual burden of CKD in Africa is presumed to be high but remains unknown due to the lack of national registries, reliable censuses, and high-quality studies (2). In addition, limited funding for population-based studies and poor laboratory facilities may explain this situation (3). However, there are notable variations in the prevalence and risk of CKD between countries in North Africa, South Africa and SSA. Indeed, estimates of the burden of CKD have shown significant variability depending on the assessment methods used and the population studied (4-5). In this regard, Kaze et al (6), reviewing 98,432 subjects from 98 studies in Africa in a 2018 meta-analysis, reported an overall prevalence of CKD stages 1-5 of 15.8% (95% CI: 12.1-19.9) and a prevalence of CKD stages 3-5 of 4.6% (3.3-6.1) in the general population. In their survey, the prevalence of CKD was also higher in the SSA studies than in the North African studies (17.7, 95% CI 13.7-22.1 vs 6.1, 95% CI 3.6-9.3, p < 0.001). Furthermore, in the randomized cross-sectional study involving 10702 participants, the age-standardized population prevalence was 2.4% (95% CI 2.1-2.8) for low estimated glomerular filtration rate (eGFR), 10.7% (9.9-11.7) for CKD, with a significantly higher prevalence in the South African sites 14% (11.9-16.4) than in the West African sites 6.6% (5.5-7.9) (7). The Gharbi MB et al. study of a stratified, randomized, representative sample of 10,524 participants in Morocco reported an adjusted prevalence of CKD of 5.1% according to the Kidney Disease Improving Global Outcomes (KDIGO) 2012 (8).  In a systemic review focused on SSA by Stanifer et al (5), the overall prevalence of CKD was 13.9% (95% CI 12.2-15.7) with no significant difference in CKD prevalence between urban 12.4% (11-14) and rural 16.5% (13.8-19.6). Similarly, Masimango MI et al (9) found no statistical difference in CKD prevalence between urban and rural areas (13.6% versus 14.1%, p=0.82) in South Kivu, Democratic Republic of Congo (DRC). By contrast, Hamilton, SA et al. (10) described a higher prevalence of GFR < 60 mL/min per 1.73 m2 in the rural population 5% (3.6-7.8%) versus 3 % (1.4-6.7%) in urban areas.

CKD has many causes, both hereditary and acquired. CKD in Africa typically reflects the interaction of several factors, including genetic and environmental factors, and multiple health system failures (Figure 1). In this regard, the initiating factors include on one hand, persistent or re-emerging communicable diseases (CDs), such as malaria, filariasis, onchocerciasis, schistosomiasis, tuberculosis, leprosy, Human Immunodeficiency Virus (HIV), Hepatitis B virus (HBV) and Hepatitis C virus (HCV) infections and on the other hand, noncommunicable diseases (NCDs) such as diabetes, high bloood pressure, obesity, sickle cell disease, cardiopathies, collagen vascular diseases and APOL nephropathy (2). This non-exhaustive list should also include the recently propagated SARS-CoV-2 infection that resulted in many cases of acute kidney injury and CKD.

Les maladies des reins sont une cause importante de morbidité et de mortalité dans le monde (1). Afin d’attirer l’attention mondiale sur l’importance de la Santé rénale, la Société Internationale de Néphrologie (ISN) et la fédération internationale des fondations du rein ont décrété une journée mondiale du rein (JMR) chaque deuxième jeudi du mois de mars depuis 2006. Le thème de la JMR de 2023 est ‘’Santé rénale pour tous, se préparer à l’inattendu, soutenir les personnes vulnérables’’.

L’accent cette année est mis sur l’impact de catastrophes diverses, qu’elles soient locales (guerre, insécurité, tremblement de terre, inondations, conditions météorologiques extrêmes du au changement climatique) ou mondiales (la pandémie de la COVID-19). Les catastrophes entrainent par le dérèglement de conditions de vie de toute la communauté (déplacement massif de la population) les pertes humaines et matérielles ainsi que des conséquences économiques et environnementales. Dans les situations d’urgence, cette partie de la communauté deviendra vulnérable en raison de ses besoins constants en matière de soins qui durent souvent toute la vie (le cas des maladies non transmissibles, MNT) et qui impliquent un traitement continu et complexe. Ainsi, la préparation aux événements inattendus est cruciale pour les patients avec la maladie rénale chronique (MRC). Ainsi donc, les décideurs politiques devraient prévoir des plans de gouvernance des situations d’urgence dans la gestion, le dépistage des MNT et favoriser la prévention de ces pathologies. C’est dans ce cadre que les Annales Africaines de Médecine a profité de la JMR 2023 pour contribuer à améliorer la compréhension de la MRC de lecteurs en concentrant cet éditorial sur la santé rénale de la population vivant en Afrique subsaharienne (ASS).

Fardeau et particularités épidémiologiques de la Maladie Rénale Chronique en Afrique subsaharienne

Environ 750 millions de personnes dans le monde sont atteintes d’insuffisance rénale chronique (IRC), un stade avancé de la MRC (1). La charge réelle de la MRC en Afrique est présumée élevée mais reste inconnue en raison de l’absence de registres nationaux, de recensements fiables et d’études de haute qualité (2). En outre, le financement limité des études de population et la faiblesse des dispositifs de laboratoire peuvent expliquer cette situation (3). Toutefois, il existe des variations notables dans la prévalence et les risques de la MRC entre les pays d’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud et de l’ASS. En effet, les estimations du fardeau de la MRC ont montré une variabilité importante selon les méthodes d’évaluation utilisées et la population étudiée (4-5). À cet égard, Kaze et al. (6), examinant 98 432 sujets issus de 98 études réalisées en Afrique dans le cadre d’une méta-analyse de 2018, ont rapporté une prévalence globale des stades 1 à 5 de la MRC de 15,8 % (IC 95 %: 12,1-19,9) et une prévalence des stades 3 à 5 de la MRC de 4,6 % (3,3-6,1) dans la population générale. Dans leur enquête, la prévalence de la MRC était également plus élevée dans les études réalisées en ASS que dans celles réalisées en Afrique du Nord (17,7, IC 95 % 13,7-22,1 vs 6,1, IC 95 % 3,6-9,3, p < 0,001). De plus, dans l’étude transversale aléatoire impliquant 10702 participants, la prévalence de la population standardisée pour l’âge était de 2,4 % (IC 95 % 2,1-2,8) pour un faible débit de filtration glomérulaire estimé (DFGe), 10,7 % (9,9-11,7) pour la MRC, avec une prévalence significativement plus élevée dans les sites sud-africains 14 % (11,9-16,4) que dans les sites ouest-africains 6,6 % (5,5-7,9) (7). L’étude de Gharbi MB et al. portant sur un échantillon stratifié, randomisé et représentatif de 10 524 participants au Maroc, a rapporté une prévalence ajustée de la MRC de 5,1 % selon la  Kidney Disease Improving Global Outcomes (KDIGO) 2012 (8).  Dans une revue systémique centrée sur l’ASS par Stanifer et al. (5), la prévalence globale de la MRC était de 13,9 % (IC 95 % 12,2-15,7) sans différence significative dans la prévalence de la MRC entre les zones urbaines 12,4 % (11-14) et les zones rurales 16,5 % (13,8-19,6). De même, Masimango MI et al. (9) n’ont trouvé aucune différence statistique de la prévalence de la MRC entre le milieu urbain et rural (13, 6 % versus 14, 1 %, p = 0,82) au Sud Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). En revanche, Hamilton, SA et al. (10) ont décrit une prévalence plus élevée de DFG < 60 mL/min par 1,73 m2 dans la population rurale 5 % (3,6-7,8 %) contre 3 % (1,4-6,7 %) en milieu urbain.

La MRC a de nombreuses causes, tant héréditaires qu’acquises. La MRC en Afrique est typiquement le reflet de l’interaction de plusieurs facteurs, y compris des facteurs génétiques et environnementaux, et de multiples défaillances du système de santé (figure 1). A cet égard, les facteurs d’initiation englobent d’une part les maladies transmissibles persistantes ou ré émergentes (le paludisme, la filariose, l’onchocercose, la schistosomiase, la tuberculose, la lèpre, le VIH, l’HVB et l’HBC…) et, d’autre part les MNT comme le diabète, l’hypertension, l’obésité, la drépanocytose, les cardiopathies, les maladies vasculaires du collagène et la néphropathie APOL 1 (2).  A cette liste non exhaustive, s’est ajoutée depuis peu, l’infection à SARS-COV2 responsable à la fois de l’agression rénale aigue et de la MRC.

CC BY 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution 4.0.

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